Les poils au féminin
Si je vous dis : inconfort, repousses qui piquent, irritation, poils incarnés, ça vous parle ?
Depuis quelque temps, je vois des femmes faire leur coming out du non-rasage, comme je l’appelle. Elles refusent de continuer de se raser, de s’épiler ou même de décolorer leurs poils, et ce, pour plusieurs raisons. En découvrant ces femmes, belles et confiantes, je me suis dit : « Il y a surement une raison pourquoi on a des poils, ils ne sont pas juste là pour nous faire chier (excusez mon langage). » J’ai commencé à faire mes cherches sur le sujet, il y a 3 ans déjà, et j’ai trouvé des tonnes d’informations et de témoignages de femmes qui ont décidé d’arrêter de s’épiler et de s’aimer avec leurs poils (sources à la fin de ce billet).
De mon côté, je me suis toujours rasée sans me remettre en question parce que c’est ce que mon entourage a toujours fait et c’est aussi ce que j’ai toujours vu à la télévision depuis que je suis toute petite - I’m your Venus, I’m your fire at your desire ! Donc, en gros, pour être une déesse, je devais me raser et JE VOULAIS ÊTRE UNE DÉESSE !
Quand j’ai commencé à voir ces femmes, sur internet, qui parlaient qu’elles avaient arrêté de s’épiler pour X ou Y raison, j’ai commencé à me demander pourquoi je le faisais ? J’ai eu plusieurs conversations avec des amies sur le sujet, également. On en arrivait souvent aux mêmes conclusions : nos poils ne nous dérangent pas, nos partenaires respectifs s’en foutent qu’on se rase ou non. Par contre, ça se complique quand on sort en public. C’est à ce moment-là que j’ai réalisé que je m’étais toujours menti. Je me disais que je me rasais pour moi, parce que j’aime les jambes fraîchement rasées, mais c’était un gros mensonge que je me disais toutes les fois que je prenais mon rasoir dans la douche. Parce qu’à moins que j’aille à la plage ou décide de porter une jupe courte, je me ne rase pas.
La vérité, c’est qu’avec le temps, j’ai appris à accepter mes poils et même à les aimer. Oui oui, j’aime mes poils. Pourquoi je me rase encore, vous allez me dire ? Parce que je n’ai pas le courage d’affronter le regard des gens. C’est simplement pour ça. J’aimerais avoir le courage de le faire et j’espère y arriver un jour, mais pour l’instant, j’y vais à mon rythme.
Pourtant, je n’ai jamais eu de problème à assumer le poil sur mes bras, ce qui est considéré « normal » en Occident. Ici, au Japon, les femmes se rasent les bras, mais très peu d’entre elles s’épilent le bikini. Donc, au final, lesdits « critères de beautés féminins » sont aussi une question de culture.
J’essaie de toujours garder en tête : « À chacun son corps », mais j’ai pas toujours eu cette mentalité. J’étais de ceux qui trouvaient ça « sale » ( chez la femme, mais pas chez l’homme, non ! ), « pas féminin » et « hippy » de ne pas se raser. Faut croire que j’en ai fait du chemin, depuis. Je me suis posée comme question : « Pourquoi ça me dérange si une femme ne s’épile pas ? » Je crois qu’en fait, je projetais mon insécurité sur elle, mais au fond de moi, je l’enviais d’être libre de faire ce qu’elle veut de ses poils.
Le féminin et le beau sont des concepts très subjectifs et ils sont avant tout une question d’éducation et de tolérance. La tolérance des différences. Quelqu’un qui est bien dans sa peau, c’est très beau à mes yeux et ça m’inspire. Aujourd’hui, ces femmes qui ne s’épilent plus et qui sortent de chez elles en short, je les admire.
Si vous allez à la plage cet été et que vous voyez une femme avec des poils qui dépassent du maillot, sous les bras, sur le ventre ou même une moustache pas teinte, s’il vous plaît, ne la dévisagez pas et faites comme si de rien n’était. Faisons de la différence une normalité.
Pour terminer, je crois qu’on devrait tous se poser cette question : « Pour qui je m’épile ? Non, mais vraiment, POUR QUI je m’épile ? »
Célébrons les poils et bon été !